Le métier de policier, jadis considéré comme une vocation noble et essentielle pour la sécurité et l’ordre public, traverse aujourd’hui une crise identitaire profonde. Cette situation reflète notamment les défis existentiels dans la police.
C’est parce que notre cabinet d’avocat accompagne depuis plusieurs années les policiers mis en cause, que nous sommes conscients des défis existentiels auxquels ils doivent faire face au quotidien.
En effet, ces dernières années, on observe une perte de sens et un malaise grandissant parmi les forces de l’ordre, alimentée par divers facteurs tels que les mutations sociétales, les défis sécuritaires contemporains et les conditions de travail de plus en plus difficiles. Cet article vise à explorer les différentes facettes de cette crise de sens, ses implications et les possibles voies de résolution.
I. Quels sont les principaux défis existentiels dans la police ?
La perte de sens du métier de policier et le sentiment de malaise exprimé par de nombreux policiers en France sont liés à plusieurs facteurs complexes et interdépendants. Cette situation reflète des défis existentiels dans la police. Des défis à la fois internes et externes à la profession, lesquels sont généralement liés à la perception et au rôle de la police dans la société.
A. La mutation du rôle de la police au sein de la société
Historiquement, le rôle du policier a toujours été clairement défini : maintenir l’ordre, protéger les citoyens et faire respecter la loi. Cependant, l’évolution de la société a indéniablement entraîné une modification des attentes envers la police.
Face à des problématiques sociales complexes comme la pauvreté, la détresse psychologique ou les conflits communautaires, le policier est souvent le premier intervenant, mais sans toujours disposer des outils adéquats pour répondre efficacement à ces situations pour le moins délicates. Cette polyvalence forcée, bien qu’admirable, peut conduire à un sentiment d’impuissance et de frustration, exacerbant la perte de sens dans leur travail quotidien.
B. L’augmentation de la violence à l’encontre des policiers
Parmi les défis existentiels dans la police, on trouve également l’augmentation de la violence, laquelle amplifie indéniablement des situations à risque pour les policiers. Une violence qui est analysée par le Ministère de l’Intérieur, qui propose d’ailleurs une synthèse sur l’insécurité et la délinquance en 2022. Une violence que nous avions déjà eu l’occasion d’évoquer en avril 2023 dans notre article sur l’État républicain, ici.
En effet, en assurant la défense des policiers, nous avons observé qu’ils sont de plus en plus confrontés à des situations de violence, y compris des attaques directes contre eux. Ce triste constat illustre encore une fois les défis existentiels dans la police. Il s’agit alors d’une exposition constante à des risques élevés qui peut entraîner un sentiment d’insécurité et d’incertitude quant à la capacité des policiers à maintenir l’ordre public tout en assurant leur propre sécurité.
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C. L’émergence de nouvelles formes de criminalité
Les défis existentiels dans la police se traduisent évidement à travers des défis sécuritaires. En effet, il est incontestable qu’aujourd’hui, le paysage sécuritaire s’est complexifié avec l’émergence de nouvelles formes de criminalité telles que le cybercrime, le terrorisme et la criminalité transnationale. S’agissant du terrorisme, la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) dresse un état du terrorisme en France dans un article mis à jour en décembre 2023.
Ces menaces requièrent des compétences spécialisées et une adaptation constante des méthodes de travail, ce qui pourrait être source de stress et de confusion pour les policiers habitués à des approches plus traditionnelles.
D. Le manque de reconnaissance de la part de la Société
Comme nous avons pu le souligner dans notre article consacré à l’impact des réseaux sociaux sur l’image des policiers, l’essor des réseaux sociaux a clairement changé la manière dont les interventions policières sont perçues et partagées publiquement. Les policiers peuvent se sentir sous un examen constant et critique, ce qui peut être source de pression supplémentaire.
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Ce qui peut aussi traduire un sentiment de manque de reconnaissance et de soutien, tant de la part des institutions que de la société. En effet, cette médiatisation et la surveillance accrue des actions policières ajoutent une pression supplémentaire, augmentant le risque d’erreurs et d’incompréhensions.
Pire, le moral des policiers peut être affecté car la perception d’être critiqués ou incompris, notamment dans les médias et l’opinion publique, peut conduire à un sentiment de dévalorisation professionnelle.
C’est justement pour lutter contre cette perte de sens du métier de policiers, que notre cabinet d’avocat, œuvre au quotidien, à la défense des policiers aussi bien lorsqu’ils sont mis en cause, que lorsqu’ils sont eux-mêmes victimes de violences.
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E. La dégradation des conditions de travail au sein de la police
Parmi les défis existentiels dans la police, la dégradation des conditions de travail fait certainement partie des défis majeurs.
En écoutant les témoignages de certains de nos clients, nous avons pu constater que les conditions de travail des policiers se sont également dégradées ces dernières années. A ce titre, on peut notamment citer : la question des horaires irréguliers, le manque de ressources, et le manque de moyens pour faire face à une criminalité croissante.
II. Comment faire face aux défis existentiels dans la police ?
Comme nous venons de le voir l’exposition fréquente à des situations traumatisantes, et parfois un manque de reconnaissance de la part du public et des institutions, sont autant de facteurs qui pèsent lourdement sur le moral des policiers. Un constat aggravé par une perception négative de la police dans certains segments de la société, alimentée par des incidents médiatisés où l’action policière est remise en question.
Dès lors, que faire dans un tel contexte ?
Sans prétention d’avoir une solution idoine, au fil des années passées aux côtés des policiers, nous avons pu identifier quelques solutions envisageables, lesquelles ne sont point exhaustives, mais offrent une piste de réflexion.
Solution n°1 : La formation des policiers
Face à ces défis existentiels dans la police, il est impératif de repenser le rôle et la formation des policiers. Une approche serait de renforcer les formations en communication, en gestion des conflits et en psychologie pour mieux préparer les agents aux défis sociétaux actuels. Il est également crucial d’améliorer les conditions de travail, en veillant à une reconnaissance adéquate de leur rôle et à un soutien psychologique renforcé.
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Solution n°2 : Le soutien psychologique et émotionnel
Parce que les défis existentiels dans la police sont nombreux. Parce que le travail d’un policier est intrinsèquement stressant, impliquant des prises de décision rapides dans des situations potentiellement dangereuses ; le stress chronique, l’épuisement émotionnel, et la difficulté à équilibrer vie professionnelle et personnelle peuvent contribuer à un sentiment de malaise.
Le soutien psychologique pour les policiers est donc vital pour les aider à gérer le stress et les différents défis existentiels auxquels ils doivent faire face tous les jours.
Solution n°3 : L’accompagnement juridique et éthique
Comme nous avons pu le souligner plus haut, avec l’évolution de la société, les policiers sont confrontés à des défis existentiels qui suscitent des doutes et des questionnements profonds sur leur rôle. Ils doivent naviguer dans un environnement social et juridique complexe. Un constat que nous avons déjà mis en lumière lorsque nous avons évoqué la question de l’utilisation du flash ball par les forces de l’ordre.
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En accompagnant régulièrement les policiers, notre cabinet d’avocat a pu se rendre compte à quel point les défis existentiels dans la police sont protéiformes. C’est ainsi par exemple que des policiers peuvent se retrouver confrontés à des dilemmes éthiques et juridiques complexes, notamment en ce qui concerne l’usage de la force. Des dilemmes éthiques et juridiques qui mènent souvent à des débats publics sur les questions de droits de l’homme, de discrimination, et sur ce que certains qualifient systématiquement de « violences policières ».
Et ce, alors même que les policiers, sont confrontés à des défis existentiels permanents. En effet, la nécessité d’agir rapidement dans des situations complexes, parfois avec des informations limitées, crée un terrain propice aux erreurs de jugement et aux critiques publiques. Cette tension constante entre les idéaux et la réalité pratique alimente un sentiment de doute et d’insécurité dans la prise de décision des policiers.
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Les défis existentiels dans la police sont donc complexes et multifactoriels. Le devoir et le doute sont des aspects indissociables de la profession de policiers, nécessitant une approche équilibrée qui reconnaît les réalités humaines derrière l’uniforme. En identifiant les problèmes structurels et en adaptant la profession de policiers aux réalités contemporaines, il serait possible de redonner aux policiers le sentiment de fierté et de légitimité nécessaire à l’exercice de leur métier crucial pour la société.
